Laura Cervin, élève de 1ère au lycée Jean XXIII de Quintin, a choisi O.K., Joe ! de Louis Guilloux pour l’épreuve orale de français du baccalauréat.
C’est dans le cadre de l’enseignement de spécialité HGGSP (histoire-géo, géopolitique et sciences politiques) que Laura a découvert Louis Guilloux en étudiant Salido. Elle a vu ensuite le documentaire La part d’ombre de la libération de Philippe Baron. Pour se préparer à l’examen elle a sollicité la Société des amis de louis Guilloux. Pourquoi ce choix ? « La question des discriminations envers les soldats noirs par l’armée américaine lors des procès à la fin de la seconde guerre mondiale m’a beaucoup intéressée, ainsi que le fait de mettre en avant un auteur briochin », nous a-t-elle dit. Après l’examen, nous l’avons rencontrée à nouveau pour un échange.
Avec le recul, que retenez-vous du livre O.K., Joe ! ?
Les descriptions de Louis Guilloux sont très marquantes. Elles permettent au lecteur de s’imprégner de la situation comme s’il était présent. Par exemple, la scène de la jeune femme tondue parce qu’elle avait eu une relation avec un Allemand. Louis Guilloux écrit que ses cheveux sont éparpillés par le vent. C’est une image forte qui nous plonge en peu de mots dans la réalité des faits.
Présenteriez-vous le livre de la même façon maintenant ou apporteriez-vous des modifications ?
Je pense avoir dit l’essentiel. Le jury m’a demandé comment l’œuvre avait été perçue aux États-Unis. Je ne m’attendais pas à cette question. Je savais qu’Alice Kaplan, écrivaine et chercheuse américaine l’avait défendue. Le livre n’est paru qu’en 1976 alors que les évènements relatés datent de 1944. Je pense qu’au moment des faits, on ne pouvait pas dire la vérité sur les crimes des soldats américains, ni parler du racisme de l’armée américaine qui nous avait libérés. Les gens n’auraient pas compris.
Si vous deviez présenter Louis Guilloux, que mettriez-vous en avant ?
Je dirais que c’est un homme de valeurs qui défend la liberté, l’égalité, la justice… Louis Guilloux a agi pour que les réfugiés espagnols soient logés dans des conditions salubres. Tout le monde ne pensait pas comme lui. Ça ne devait pas être facile ! Pour moi, Louis Guilloux ne va jamais contre ses valeurs, il ne change pas de bord. C’est très courageux car c’est plus simple de s’aligner sur les pensées des autres. Louis Guilloux lutte sans faille. Il est en avance sur son temps.
Aujourd’hui, des personnes remettent en question nos libertés. Le racisme est encore trop présent dans notre société. J’ai choisi de présenter un livre de Louis Guilloux pour les valeurs qu’il défend et en plus parce qu’il est briochin.
Propos recueillis par Nicole Ozeray