Le rêve du pêcheur de Hemley Boum, prix Louis Guilloux 2024

Le prix Louis Guilloux 2024 a été remis le 12 novembre à Hemley Boum pour son roman Le rêve du pêcheur (éditions Gallimard). Gilbert Kerleau, président des Amis de Louis Guilloux, est membre à ce titre du comité de sélection des romans soumis aux suffrages des lecteurs des bibliothèques des Côtes-d’Armor. Il répond à nos questions sur le prix et le roman récompensé cette année. 

Accueil d’Hemley Boum par Patrick Kerdraon, vice-président du Conseil départemental, et Gilbert Kerleau, président des Amis de Louis Guilloux.
© Société des amis de Louis Guilloux

Gilbert, vous êtes membre du comité qui sélectionne chaque année les dix romans en lice pour le prix Louis Guilloux. Quels sont vos critères de choix ?

Les critères de choix pour choisir les romans proposés au jury citoyen du prix Louis Guilloux sont principalement une œuvre écrite en français et qui a la même humanité que celle de Louis Guilloux : l’affection portée aux gens de peu, aux rejetés, à la différence. 

Le rêve du pêcheur a été choisi par les lecteurs des bibliothèques des Côtes-d’Armor parmi les dix romans proposés pour recevoir le prix Louis Guilloux cette année. Un bon choix ?

C’est un très bon prix Louis Guilloux, d’une écriture classique avec une belle construction romanesque. J’avais hâte de rencontrer l’autrice pour lui dire mon admiration devant cette très émouvante histoire d’un gamin africain qui va trouver une forme de rédemption après de lourdes épreuves. 

Le prix Louis Guilloux récompense un livre, et son auteur, qui s’inscrit dans la lignée littéraire et humaniste de Louis Guilloux. En quoi ce prix 2024 est-il en résonance avec l’œuvre de l’auteur briochin ?

Le rêve du pêcheur s’inscrit tout à fait dans la lignée de Guilloux avec un regard porté sur ses personnages très fraternel. L’extrait ci-dessous, lu par une participante du jury citoyen lors de la cérémonie, en témoigne magnifiquement.

« Personne ne devrait partir de chez lui comme Sunday et moi. Couper tous les ponts, larguer les amarres et ne plus pouvoir revenir en arrière. Nous ne devrions pas avoir à avancer sans repères, sans protection, nous délester de tout ce que nous avons été, s’arracher à soi en espérant germer dans une nouvelle terre. Ceux qui ont ce privilège voyagent l’esprit léger. Ils partent de leur plein gré, sachant qu’ils peuvent revenir quand bon leur semble. Nos périples à nous ne prévoient aucun retour, nous ne sommes pas des voyageurs mais des exilés. L’exil est un bannissement et une mutilation, il y a là quelque chose de profondément inhumain. Quel que soit le danger que l’on fuit et le soulagement de s’en éloigner, chacun mérite de garder quelque part en lui l’espoir d’un retour. Et puis ici aussi, dans cet éden étincelant, des enfants meurent d’être délaissés, mal-aimés, maltraités. Les terres lointaines ne tiennent pas leurs promesses. »

Hemley Boum – Le rêve du pêcheur (p. 243)

   

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